الثلاثاء، 14 يونيو 2022

Le genre narratif (quelques notions d’analyse)


Le genre narratif (Quelques notions d’analyse)

Écrit par Sara TARCHI


    La séquence narrative est un élément au service de la cohérence textuelle à l'intérieur d'un récit. En effet, tout récit repose sur le développement d'une intrigue qui est l'enchaînement logique des événements menant au dénouement. Afin d’analyser ce genre de texte, on a besoin d’utiliser plusieurs notions proposées par des théoriciens de la littérature.

    

    Avant de présenter des notions d’analyse du discours narratif,  il faut d’abord faire la distinction entre ces trois aspects de la réalité narrative (histoire, récit et narration) afin d’éviter toute confusion et tout embarras de langage. Pour cela, Gérard Genette propose de nommer Histoire le signifié ou contenu narratif c’est- à- dire les événements que le discours relate, Récit le signifiant, énoncé, discours ou texte narratif lui- même et Narration l’acte narratif producteur c’est- à- dire l’acte qui produit le discours réellement ou fictivement. 


    Genette donne la primauté au récit, au discours narratif puisque pour lui, de ces trois niveaux distingués, le récit « est le seul qui offre directement à l’analyse textuelle. » Pour Genette «  Histoire et narration n’existent…que par le truchement du récit. Mais réciproquement le récit, le discours narratif ne peut être tel qu'en tant qu'il raconte une histoire, faute de quoi il ne serait pas narratif…, et en tant qu'il est proféré par quelqu'un, faute de quoi il ne serait pas en lui- même un discours. Comme narratif, il vit de son rapport à l'histoire qu'il raconte; comme discours, il vit de son rapport à la narration qui le profère».

1. L’ordre de la narration :

- Anachronie narrative :

    Le plus souvent, le narrateur raconte les événements dans l’ordre où ils se sont produits; cependant, l’écrivain peut décider de bouleverser la chronologie des événements par des ruptures temporelles, on parle alors d’anachronie.

    Il peut faire des retours en arrière (dans le passé) ou bien anticiper les événements (dans le futur).


    Selon Genette « étudier l’ordre temporel d’un récit, c’est confronter l’ordre de disposition des événements ou segments temporels dans le discours narratif à l’ordre de succession de ces mêmes événements ou segments temporels dans l’histoire, en tant qu’il est explicitement indiqué par le récit lui- même, ou qu'on peut l'inférer de tel ou tel indice indirect… Lorsqu’un segment narratif commence par une indication telle « trois mois plus tôt,… », il faut tenir compte que cette scène vient après dans le récit, et qu’elle est censée être venue avant dans la diégèse».


    Cela veut dire que dans  la notion d’ordre, on met face à face, on confronte l’ordre des événements tels qu’ils sont dans le discours ou texte narratif à l’ordre de succession des mêmes événements dans l’histoire.


    Dans l’exemple mentionné ci- dessus « trois mois plus tôt,… » L’auteur propose un récit second, cette scène dans le récit vient après le récit premier mais dans l’histoire elle est passée avant, c’est ce qu’on appelle anachronie, à chaque fois qu’on a un récit premier, que celui- ci s’arrête par un récit second introduit par un segment narratif qui n’appartient pas au même niveau temporel, on a une anachronie. Cette notion d’anachronie nous permet d’introduire deux autres notions qui lui sont reliées : la notion de Portée et celle d’Amplitude.

- Portée, amplitude :

    Selon Genette « une anachronie peut se porter dans le passé ou dans l’avenir, plus ou moins loin du moment présent, c’est- à- dire du moment de l’histoire où le récit est interrompu pour lui faire place : nous appellerons portée de l’anachronie cette distance temporelle. Elle peut aussi couvrir elle- même une durée d’histoire plus ou moins longue : c’est ce que nous appellerons son amplitude. »

    Par exemple : on a un retour en arrière de dix ans, donc on a une anachronie temporelle dont la portée est dix années où on va raconter ce qui s’est passé un soir, c’est ce qu’on appelle amplitude, c’est- à- dire ce récit raconté sur combien de minutes, heures, mois ou années s’est étendu.


    Ou bien, imaginons  un récit qui commence de la manière suivante : Mr x marche dans la rue en utilisant sa canne de non- voyant ensuite le narrateur va nous  évoquer les circonstances dans lesquelles Mr x a perdu la vue (là le récit  premier s’arrête et un récit second intervient) c’était à cause d’un coup qu’il a reçu sur sa tête, le narrateur fait un retour en arrière de 15 ans c’est- à- dire que Mr x a perdu la vue il y 15 ans par rapport au moment présent où il marche dans la rue en utilisant sa canne. Cette analepse a une portée de 15 années et une amplitude de quelques heures (les circonstances dans lesquelles Mr x a perdu la vue se sont étendues quelques heures).


   - Analepse et Prolepse :

    Un récit qui revient en arrière est appelé récit rétrospectif. La rétrospection est aussi appelée analepse. Cette dernière est une anachronie qui se porte dans le passé plus ou moins loin du moment présent, elle opère un retour en arrière et évoque un événement antérieur à ce qu’on est en train de raconter, par exemple lorsqu’un personnage se souvient de son passé. Les retours en arrière servent souvent à expliquer la situation présente ou à présenter un personnage nouveau.

    Une phrase (voire un passage) qui annonce les événements futurs se nomme une anticipation aussi appelée prolepse. 


    La prolepse est une anachronie qui se porte dans le futur plus ou moins loin du moment présent, elle opère une anticipation et évoque un événement devant se produire après ce qu’on est en train de raconter. Dans un récit ayant pour temps de référence le passé, les anticipations se font souvent au conditionnel (avec une valeur de futur dans le passé).


    Avec une anticipation, le narrateur joue avec le lecteur : il relance son attente et suscite sa curiosité. L’anticipation sert à relancer l’intérêt pour l’intrigue.


Exemple :

    Deux années plus tard, je devais comprendre la signification de l’événement...

    L’auteur cherche par l’utilisation des anachronies de compléter les informations du lecteur, pour qu’il puisse suivre la lecture de la manière exacte possible, afin que celui- ci soit au fait de tout ce qui s’est passé avant pour qu’il comprenne ce qui va se passer ensuite. Cette fonction d’informer le lecteur, on la retrouve généralement chez les auteurs qu’on appelle traditionnels qui n’utilisent cette anachronie que lorsqu’ils estiment nécessaire de donner des informations au lecteur qui vont lui permettre de continuer sa lecture.  


 2. La durée : La vitesse du récit :

    Dans la notion de la Durée, on confronte  la durée d’un récit à celle de l’histoire qu’il relate.  La durée des événements de l’histoire n’est pas égale à celle du récit : l’auteur peut ralentir ou accélérer le rythme du récit.


    Pour Genette la vitesse du récit est « le rapport entre une mesure temporelle et une mesure spatiale… : la vitesse du récit se définira par le rapport entre une durée, celle de l’histoire, mesurée en secondes, minutes, heures, jours, mois et années, et une longueur : celle du texte, mesurée en lignes et en pages».


    A l’intérieur d’un récit les segments narratifs n’ont pas la même vitesse, l’auteur peut choisir de parler d’un événement qui a duré une heure en 100 pages, et un autre qui a duré une année en une ligne, ou un récit de 600 pages pour  18 mois dont on a 300 pages consacrées à une journée… Certains événements avancent vite, d’autres lentement.


    Le narrateur donc utilise des procédés d’accélération ou de ralentissement. Autrement dit, rapporter en détail des événements précis, ou résumer brièvement d’autres, voire passer certains sous silence. Voilà comment :


- La scène :

    Dans la scène, le narrateur développe un temps fort de l’histoire, raconte en détail l’action qui se déroule. Il fait parler les personnages, décrit le décor, l’ambiance. La scène permet de ralentir le rythme du récit. L’auteur donne l’illusion au lecteur que le temps du récit reproduit fidèlement le temps de l’histoire, comme dans une scène de théâtre ou un film. 

Exemple : Le serveur s’approcha de nous. « Qu’est- ce que vous prendrez?» demanda- t- il. Roger leva les yeux et répondit : « Un triple expresso. » Le serveur esquissa un sourire. « Je vous le mets dans un bol?» 


- L’ellipse :

    Le narrateur passe sous silence certains faits qui ne sont pas essentiels pour le déroulement de l’intrigue. Il évite ainsi les passages ennuyeux et les périodes trop longues.

Exemple : Il naquit à Paris et devint médecin à Rouen. (Le narrateur n’a pas évoqué ce qui s’est passé entre le moment où le personnage est né à Paris et le moment où il est devenu médecin, vingt- cinq ans ou trente ans dont le narrateur ne dit rien, on ne sait pas qu’est ce qui s’est passé pendant ces années).


- Le sommaire :

    Le sommaire est le contraire de la scène : il s’agit d’accélérer le rythme du récit en résumant les événements de l’histoire (en général des actions secondaires). On peut ainsi raconter en quelques mots une action qui s’est déroulée sur des années.

Exemple : Il a vécu dix ans à Paris. (Le narrateur a raconté dix ans de la vie d’une personne en une seule phrase.)

Exemple 2 : Durant ces dix années, il voyagea beaucoup, traversa des mers, et se fit attaquer par un ours. (Le narrateur résume dix ans en un petit paragraphe).


- La pause :

     Le narrateur cesse de raconter son histoire (rien ne se passe, on n’a pas d’actions) pour faire une description ou un commentaire. 

Exemple : La voiture noire me transporta ici, dans ce hideux Bicêtre. Vu de loin, cet édifice a quelque majesté. Il se déroule à l’horizon, au front d’une colline, et à distance garde quelque chose de son ancienne splendeur, un air de château de roi. Mais à mesure que vous approchez, le palais devient masure. Les pignons dégradés blessent l’œil. Je ne sais quoi de honteux et d’appauvri salit ces royales façades, on dirait que les murs ont une lèpre. Plus de vitres, plus de glaces aux fenêtres ; mais de massifs barreaux de fer entrecroisés, auxquels se colle çà et là quelque hâve figure d’un galérien ou d’un fou. 

                                                               

(Le dernier jour d’un condamné ; chapitre IV)

Bibliographie : GENETTE, Gérard. Figure III, Paris, Seuil.

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